CHAIR & ÂME

Prochaines dates de diffusion :

 Du 2 au 5 mai à 20h au Théâtre de la Jonquière, Paris (17e arr.) - Contact invitations pros

"Entre conte mythique et onirisme dansé, cette création fantaisiste tente une percée dans les rouages de la domination." 

Chair, et Âme, femmes complices ou fusionnelles, sont envoyées sur Terre. Leur mission : constituer l'humanité. Des myriades d'enfants naissent de leur laitance créatrice, les Même. La reproduction à la chaine semble engagée pour l'éternité...jusqu'à ce qu'un élan vital de révolte se réveille, enfin. Les coulées de lave laiteuse jaillissent, les pulsions enfouies surgissent, la terre tremble. L'Autre est né. La discorde avec. L'union de Chair et Âme se scinde, les rapports de domination s'engagent, c'est à celle qui gardera le monopole de l'entreprise créatrice pour échapper au cercle vicieux d'une reproduction sans fin.

Ecriture et mise en scène de Lisa Valverde

avec Mylène Calà et Jeanne Eden

Musique originale de Denis Rézard

Scénographie de Lisa Valverde, Guillaume Moretto, Margaux Sanglier

Technique : Thomas Lecompte

Diffusion, régie : Nina Quitté

Dossier de diffusion

La Technique

La compagnie peut mettre à disposition son matériel si la salle n'a pas la fiche technique adéquate. 

Temps de montage : 1 service

Temps de démontage : 1 service

Lumière :

8X par 56 300 watts+ 8 x ampoules MFL

2X par à leds

2X DMX 10 m

10X prolongateurs

1X grada 4 Ch.Dimm pack DMX

1X boitier enttec

Vidéo :

3X vidéo projecteurs

3X câbles VGA

1X répartiteur 3X VGA

Son :

2X enceintes Yamaha STAGEPAS 300

1X table mixage 8 canaux (4X entrées micro - sorties REC et monitor EQ2, réverbération numérique)

2X câbles Jack

2X pieds d'enceintes

Informatique :

1X Mac

1X logiciel Delight ou White Cat

Les conditions

Merci de bien vouloir nous contacter ou consulter le dossier de diffusion.

Notes de l'auteure et metteure en scène :

Ecriture :

Par quel bout commence-t-on à embrasser une lutte ? Pour quel degré de justice se bat-on ? Quels mots, pour quelle cause ? Ce sont ces questions qui m'ont poussée à m'interroger sur les termes, les mots, les symboles : Dominant/dominé , oppresseur/opprimé. Car la lutte pour la justice, le féminisme, contre l'esclavagisme, la discrimination, ne trouve d'issue à mon sens que dans le questionnement d'acarnes plus profonds. Les mots, la parole, le verbe, conditionnent déjà notre pensée. Une pensée, structurée par une langue, construite sur l'opposition de termes, leur valorisation inégale. Alors comment lutter avec des outils linguistiques biaisés malgré eux depuis des siècles ? Comment se défaire de la valeur d'un mot, l'effacer, recommencer à zéro ? L'équation semble inextricable et même inconcevable... Peut on défaire le mot Femme de maternité, grâce ou tendresse ? Si oui, ne l'associe - t- on pas à sorcière, séductrice, manipulatrice ou castratrice ? La Femme libre ne constitue-t-elle pas un danger pour l'économie d'une société « pérenne » ? Ce sont ces poncifs qui sont à détricoter, à découdre patiemment dans les méandres de la répartition symbolique dont dépendent tous nos mots, nos actes et nos sociétés. Le conte mythique proposé dans Chair et Ame illustre cette tentative, celle de s'échapper d'un système, ne serait-ce que le temps d'en comprendre le fonctionnement, l'histoire et de faire symbole autrement, de graver dans la langue, les esprits, de nouvelles catégories, qui résistent au temps, au pouvoir. Lors d'un atelier d'écriture avec des femmes et des hommes, ceux-ci en cours d'apprentissage de la langue française, de l'écriture et de la lecture parfois, j'ai tenté de contourner l'acte d'écrire, qui requiert un savoir technique, en proposant des exercices de théâtre, le dessin, le modelage, appliqués à un travail autour de l'image de la femme. Maternité, travail, cuisine sont les mots revenus le plus souvent et deviendront le support de la pièce Chair et Ame. Le labeur de deux femmes créant l'humanité dans leurs grosses marmites. Tout comme « maternité, travail et cuisine », qui sont apparues comme des contraintes d'écriture au fil de mon projet, j'ai décidé de jouer avec les mots et l'exclusion intrinsèque qu'ils imposent. Ainsi l'ensemble du texte est écrit au féminin, sans aucun nom commun masculin, dans un monde où le concept de genre n'existe pas. J'ai également tenté une « disparition » des pronoms personnels dans les deux premières scènes où « l'autre » n'existe pas encore, les seuls « je, me, moi » n'étant pas proscrits. Un traitement allégorique, absurde parfois, burlesque souvent laisse poindre le bout par lequel je souhaite embrasser la lutte : s'interroger sur ce que l'on ne pense pas à interroger.

Mise en scène :

J'ai rêvé une jonglerie orchestrée d'opposés, de termes dichotomiques, intemporels voire anachroniques pour perdre tout repère et accueillir cette genèse expérimentale : du sacré dans du profane, du profane dans du sacré. Une matrice met bas : Chair et Ame sont nées. Les seins deviennent l'équivalent du symbole phallique. Les enfants naissent d'une marmite enfournée. Nos deux èves fument et boivent de la bière, vêtues de leurs perfectos cloutés. La semence créatrice éjacule des seins des deux femmes : deux genres de rejetons, les mêmes puis les autres. La lutte intestine pour la domination opère, déclenchée par l'apparition de l'altérité. Leur monde devient binaire, donc excluant. L'exclue doute, danse, souffre, admet, remet en question, abdique, tente, lâche, fomente. La dominante fait le pari de l'injustice, de l'intimidation, de l'autorité. Je veux mettre en relief la valeur arbitraire des termes, dire que la domination s'exerce lorsque l'on donne force inégale aux symboles. Cette force se grave dans le marbre, tout comme s'est gravé le mot faible au coté du sexe de la Femme. Le pouvoir fait les mots, dévoie les symboles, écrit, à l'encre indélébile l'ordre du monde, la valence de l'un plutôt que l'autre.

Scénographie :

Un hémicycle, trois portes hautes, 8 colonnes de poitrines de femmes superposées, un meuble central, autel courbe et mobile. La scénographie, architecturale, sobre, imposante par ce qu'elle insinue de sacré veut être le ventre de la création de l'humanité. La porte centrale expulse les deux personnages sur scène, derrière, une grande et mystérieuse matrice organique. Les colonnes de poitrines sont le fruit du moulage des seins de 30 volontaires, qui ont accepté que leur gorge soit tirée à deux exemplaires chacune. Ce statuaire, ces 60 bustes opulents, ou moins, ajoutent à l'architecture de l'hémicycle un rappel de plus à l'antiquité, berceau occidental d'une cosmogonie, d'une pensée, d'une forme. C'est cette atmosphère olympienne, froide, solennelle qui accueillera en son sein des personnages parfois burlesques et leur tentative absurde de création d'une humanité anarcho-sexuée.